Dans la toute récente chronique d’Ocean of Noise concernant Nils Frahm, nous avions insisté sur le fait qu’un live de l’Allemand constituait une expérience unique, et, ô combien intime, tant sa musique nous pousse dans nos retranchements intérieurs, et tant la variété des sentiments qui sont abordés est grande. Et comme il le dit si bien lui-même, il n’a jamais su être capable de décider s’il voulait faire des sons qui s’écoutent soit debout, soit assis – tant mieux !

Exposé détaillé sur le debout/assis
A l’Aéronef, en ce soir pluvieux, il y a Nils, et rien que Nils, sans entrée, sans dessert, et, quand on voit la salle pleine à craquer, et surtout la batterie d’instruments occupant la scène – un petit orchestre pour un seul homme, on sait à l’avance que ce dîner sera copieux. Pianos, synthétiseurs analogiques, il n’y a que Roland sur qui compter.
Le « All Melody Tour » se décompose en deux parties : le début est consacré au nouvel album (qui reprend lui-même des chansons plus anciennes), et plus on approche du final, plus on retourne aux fondamentaux. C’est donc sans surprise que, après l’arrivée un peu timide sur scène d’un Nils Frahm aux vêtements amples – on comprend très vite pourquoi…., et à la casquette vissée sur son crâne dégarni, l’on entend les premières notes de Sunson, première chanson de l’album, qui suit l’intro. Et l’on réalise dès les dix premières secondes que la seule chose qu’il ait perdu, c’est bien ses cheveux.
Un véritable voyage. On est aspiré par l’univers de Sunson qui nous embarque dans une sorte d’aventure nocturne (berlinoise?) un peu folle, on est à deux doigts de pleurer devant la beauté et l’immense mélancolie de My Friend The Forest, on frissonne de plaisir sur All Melody – comme dans une prise de conscience, un retournement des frontières de la perception, on retient son souffle en regardant Nils s’acharner sur son piano lorsque retentissent les notes de Hammers, qui marque habituellement la fin du live.
Alors, la salle, avide, comblée, se lève, applaudit à tout rompre, pour reprendre une dose supplémentaire, ce que notre dealer s’empresse de nous donner avec Says, l’un de ses classiques, joué avec une invariable passion, avant de provoquer un rire incrédule de l’assistance lorsqu’il s’essaie aux percussions sur son piano avec des objets non identifiés (Mac Gyver fut certainement une inspiration), puis de repartir sur un final haletant avec Toilet Brushes.
Au cours de cette centaine de minutes, nous fûmes accrochés non seulement par le talent du Berlinois, mais également par ce supplément d’âme, cette abnégation et cette volonté visible à l’œil nu qui fait sa force musicalement, cette volonté de transmettre des émotions, de l’amour – et si l’on devait tirer un enseignement de ce concert, c’est que, définitivement, donner est bien plus fort que recevoir.
Danke schön, Nils.
Un commentaire on “LIVE REPORT : Nils Frahm @ L’Aéronef, 02/02/2018”
<3