Les cinq bristoliens d’Idles ont débarqué par surprise plus tôt dans l’année avec un premier album parfaitement maîtrisé, nous convaincant rapidement grâce à une énergie, une honnêteté et une spontanéité rare et bienvenue.
Cela fait en fait quelques années qu’Idles s’évertue à remuer le petit monde un peu sclérosé du rock, avec notamment deux EP depuis 2012. Sur la quarantaine de minutes de Brutalism, la musique du groupe évolue entre post punk rageur, noise déchaînée, garage bordélique… Brutal donc mais sans être basiquement frontal. Le groupe s’autorise en effet à écrire de vrais bons morceaux, intelligents et pourvu d’une certaine sophistication avec même plusieurs refrains d’une redoutable efficacité et une réelle profondeur parfois absente des albums étiquetés punk. Joe Talbot dénonce avec humour, sarcasme et une verve gouailleuse les travers de nos sociétés, ce qui les rapproche d’autres fou furieux actuels comme Sleaford Mods ou Fat White Family.
Brutalism est un gros coup de pied dans la fourmilière, un album viscéral, intense, qui documente les inégalités et paradoxes de nos sociétés mais est avant tout un excellent album de rock, peut être le meilleur de l’année. Du tube Well Done à la puissante Divide & Conquer en passant par l’hymne Date Night ou la bruyante Stendhal Syndrome, l’album passe en un clin d’oeil, varié, radical et sans baisse de régime, porté par une batterie nerveuse, une basse pétaradante, des guitares grésillantes, et donc ce chant intense. Le groupe a vite confirmé son intérêt en live puisque les cinq garçons sont aussi responsables d’un des meilleurs concerts de la Route du Rock cet été, avec un frontman survolté et un groupe ultra soudé qui retranscrit parfaitement l’énergie furieuse et viscérale entrevu sur l’album.